Wednesday, January 25, 2006

« Lecture » de Brokeback Mountain / Le secret de Brokeback Mountain

 photo © Copyright BSLB 2006


A l’instar des Paraboles qui restent une référence universelle de transmission imagée d’une parole ou d’une vérité, rien de mieux qu’un conte ou qu’un roman pour atteindre sans faille le cœur humain.
La « lecture » que le spectateur aura de ce film s’effectuera à plusieurs niveaux, permettant ainsi à cette œuvre cinématographique de toucher le plus large public, sans esprit de chapelle ou de communauté.
La nature s’y oppose à l’urbanité : la magnifique restitution des Montagnes du Wyoming invite à la contemplation et à la pureté de l’air et des lieux, et à la pureté tout court ; la vision urbaine, même de village, la vie familiale, la vie en société deviennent pesantes, contraignantes, étouffantes.
La liberté s’y oppose à l’aliénation : tout être libre choisirait vite son camp, au sens propre et au sens figuré ! La vie près du feu et sous la tente, sublimée par la majesté des cimes environnantes, sera vite préférée à l’appartement au dessus de la laverie avec ses contingences et aux contraintes du travail salarié.
Le rêve s’y oppose à la réalité : un rêve assez accessible finalement, car peu exigeant, dénué de valeurs matérielles, qui ne se nourrit que de la sincérité du cœur, confronté avec douleur à une nécessité d’intégration sociale.
La pureté s’y oppose à la saleté : la nature est pure par essence, même dure et hostile ; la nature humaine, même d’apparence propre peut être d’une infinie saleté.
La sérénité s’y oppose à la charge psychologique sociale : vivre en accord avec soi ou subir l’horrible chape de plomb de la norme sociale, du modèle social dominant, de la pression familiale.
L’enfant s’y oppose au parent : vivre en accord avec soi c’est retrouver l’enfant en soi , au risque d’être face à la figure parentale assez coutumière qui impose ses vues, sa loi, castre et mutile, tue.
L’amour s’y oppose à la haine : un amour pur, désintéressé, dénué de toutes considérations, instinctif, primitif, originel, face à toutes les haines, la haine de soi, la haine des parents qui vous ont opprimés, la haine des autres qui perpétuent l’oppression sous d’autres formes.
La douceur s’y oppose à la violence : faut-il décrire la douceur ? sauf qu’il faut parfois se faire violence pour succomber à la douceur ; faut-il développer la violence ? certainement ! tant elle prend de multiples formes, sourdes et perverses, travesties et pernicieuses, telle un venin, un poison, administré par la langue, par le corps, par la pensée, par les sens, infinie et omniprésente, à chaque relation, à chaque détour, à commencer par la rencontre avec soi-même.
Ciel ! mais qui triomphe de toutes ces oppositions et des déchirements qu’elles impliquent ? L’amour ! Banalité, direz-vous ? Ah, que non ! Nous ne sommes bien ici que pour l’amour, non ? Vous, les durs à cuire, les blasés, les dents acérées, vous n’en demandez pas tout autant, de l’amour ? Allez, lâchez vos carapaces, vos cuirasses, vos suffisances, nous sommes tous pareils et égaux, nous crevons sans amour réalisé !
Et pour bien affiner le propos, car il n’y a pas d’avantage à rendre l’exercice facile, il s’agit d’un rapport d’homme à homme, d’un rapport à l’amour d’un homme pour un homme.
Sans trivialité, sans cliché, sans lieu commun.
En toute virilité.
La démonstration est exemplaire. Pudique, contenue, subtile. Crue, directe.
Les vertus du silence sont magnifiées.
Peu importe le chagrin, on sort grandi, reconstitué.
La parabole est passée.
© Copyright 2006 Bruno-Stéphane

1 comment:

Anonymous said...

Comment vit-on toutes ces belles choses ? Hors de la société humaine ? La société humaine rejette-elle ces amours ou bien ces amours ont-elles peur de la réaction de la société humaine, en les anticipant, mais sans oser y répondre (changer de bled aurait pu changer tout) ? En fait, ces deux hommes sont juste enfermés, dans eux-mêmes, ils ne peuvent pas réellement aller plus loin que Brokeback Mountain, ils n'en ont tout simplement pas les moyens, l'imagination. Ils sont absolument dépassés par la passion qui les dévore. Leur raison est trop petite face à la puissance de leurs sentiments. D'autres ont su changer les choses, eux non. Respect pour les limites de chacun. Tristesse. oimeloso@yahoo.fr