Annie Proulx ne sera jamais assez remerciée pour Brokeback Mountain.
L’architecture temporelle donnée à cette rencontre sentimentale est celle d’une vie. Et la rencontre elle-même est celle d’une vie.
La notion de temps est imprécise, en filigrane. Elle est pourtant cruciale. De l’enfance à la mort. Au milieu du parcours : le choc de l’amour, un amour unique, un diamant brut, cadeau de la Vie. Autour, tout devient anecdote, aléa, obligation sociale, contingence, tension, friction, lutte.
Le sens de la vie prend sa dimension dans l’amour. En cette île secrète qu’est l’amour, l’âme enfin s’apaise, s’épanche, s’expanse. Et alors le temps n’a pas de prise. Le temps n’a plus prise. Peu importe les années, peu importe les coupures, la quête de l’espace amoureux restera entière. Dans cette quête tout peut être entrepris.
En cet espace amoureux, la juvénilité et la candeur sont intactes. Elles sont les antidotes du temps. Mais pour les simples mortels, les antidotes n’ont qu’un pouvoir limité, celui de goûter à l’infini, sans l’atteindre.
Vingt ans pour tenter de construire cette relation écartelée, rendue impossible par le fait des autres et surtout la part de soi qui ne peut s’y résoudre envers et contre tous.
C’est beaucoup, mais c’est surtout la preuve de la grande constance de l’amour.
Cet amour, ennemi juré du Temps, grand vainqueur du Temps, ignorant de la barrière de la mort.
Comme l’amour traverse le temps tel une flèche acérée, c’est cette flèche qui nous traverse à l’écoute de cette histoire, qui nous convainc à sa raison et à son pouvoir, qui nous fait voir plus loin, plus fort, plus intensément.
Cet amour, en nous affranchissant du temps, nous libère plus largement de toutes les conventions, de toutes les formes et de toute la futilité du banal. L’amour nous fait toucher l’Homme libre qui est en nous et il nous appartient de le laisser s’épanouir ou non. En se donnant à soi cette liberté, l’amour nous donnera une plus grande liberté encore.
Cet amour, en nous affranchissant du temps, nous libère plus largement de toutes les conventions, de toutes les formes et de toute la futilité du banal. L’amour nous fait toucher l’Homme libre qui est en nous et il nous appartient de le laisser s’épanouir ou non. En se donnant à soi cette liberté, l’amour nous donnera une plus grande liberté encore.
Ce premier amour charnel, choyé et préservé, veillé comme l’enfant qui dort, sera l’antichambre d’un amour plus vaste, plus universel, plus généreux.
Peu importe le temps, mais pas peu importe l’amour.
© Copyright 2006 Bruno-Stéphane
No comments:
Post a Comment