Wednesday, May 10, 2006

Brokeback Mountain DVD : un voyage émotionnel

 photo © Copyright BSLB 2006

Il est étonnant de constater combien ce film a constitué un véritable cadeau, en 2005 pour les Américains, et en 2006 pour les Européens et les autres pays du monde, au point que l’on s’émeuve encore de son retentissement. Le phénomène sera bientôt étudié par les sociologues qui ont à cœur d’observer l’évolution de notre société contemporaine…
Malgré le caractère dramatique de l’histoire, malgré la mise en scène d’un amour rendu impossible par la pression sociale et l’impréparation psychique de certains êtres, en l’occurrence le personnage d’Ennis del Mar, et par une étrange alchimie, ce film, comme la nouvelle d’Annie Proulx dont il est tiré, reste un étonnant cadeau fait à l’âme humaine.
S’agit-il d’une psychanalyse collective ? S’agit-il du même ressenti lorsque l’on sort rasséréné d’une visite bénéfique chez un médecin ou un soignant ? S’agit-il d’une prise de conscience par un grand nombre d’individus, presque simultanément, que nombre de peurs, de non dits, de drames intérieurs sont partagés par beaucoup ? S’agit-il d’une prise de conscience supplémentaire qu’au vingt-et-unième siècle, enfin, modes de vie et orientations sexuelles se doivent d’être acceptés et non plus seulement tolérés, constituant ainsi une vague d’espoir et d’accomplissement ? Sans doute de tous ces phénomènes à la fois.

Le moment est venu pour les Européens, grâce à la sortie du DVD, de pouvoir revoir le film dans le cadre domestique et privé, ce qui confère à la « rencontre » avec ce film une dimension accrue grâce à une plus grande capacité d’écoute et d’attention.

Quel brillant hommage à la nature réalisé avec délicatesse par Ang Lee. Il campe un décor, un contexte. Ce contexte est fondamental à la portée de l’histoire et de son intimité : l’espace naturel est un espace permissif, à l’inverse de l’espace social qui est codifié et contraignant. Ang Lee, avec une grande finesse, a particulièrement soigné cette introduction, par la qualité de la photographie et le traitement de la beauté des paysages. Cette beauté de la nature magnifiée par l’œil du réalisateur devient une Muse inspiratrice et libératrice. Et avec la Beauté agissante, place à Eros.
Quel usage subtil du silence, des silences, des pauses durant lesquelles la musique de Santaolalla pourra produire ses effets. Quelle brillante leçon de cet usage des silences et de la musique dans une création audiovisuelle, au service de la compréhension humaine, des heurs et malheurs de l’âme humaine, au service du respect et de l’attention qui se doit d’être portée à l’individu, à son intimité, à ses choix, à sa vie.

Ce pourrait être un exercice cinématographique, il s’agit en fait d’un acte d’humanisme. Et cet humanisme transfigure le film et lui confère ce remarquable écho.

© Copyright 2006 Bruno-Stéphane

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