Monday, September 18, 2006

Brokeback Mountain : le DVD et ses bonus


photo © Copyright BSLB 2006
Visionner Brokeback Mountain en DVD chez soi, dans l’intimité, débarrassé des éventuelles perturbations périphériques ( voir l’article http://brokebackers.blogspot.com/2006/02/brokeback-mountain-dans-la-salle.html ), seul, en couple ou entre amis, constitue un grand moment, que ce soit la première découverte du film ou que ce soit une nouvelle fois. Indiscutablement, à la lumière des seuls témoignages transmis, ce film marquant a été vu et revu avec une grande attention par toux ceux qu’il a touchés au cœur.
La disponibilité est plus grande, la sensation plus forte, l’émotion encore augmentée, malgré la réduction du cadre de l’écran (sauf les chanceux qui disposent d’installations « home cinéma »…) qui convient moins à la grandeur et la beauté des paysages du supposé Wyoming (en réalité l’Alberta).
Lors de la sortie du DVD, Annie Proulx dut tressauter, encore que l’on espère qu’en sa retraite lointaine cette information ne lui soit pas parvenue…, tandis qu’un pigiste inculte qualifiait de « pornographique » (sic) sa superbe nouvelle dans une pseudo critique parue dans un mensuel spécialisé français… Fascinant, le degré d’inculture, dans un milieu qui se voudrait culturel et qui n’est jamais que marchand… Les lecteurs de la revue n’ont pas manqué de se manifester face à tant de bêtise…
Pour les férus de DVD, l’édition zone 3 en provenance de Hong Kong reste la meilleure, non pas dans la différence de contenu, mais par l’exceptionnelle qualité du pressage et de la bande son (DTS ES et DD 5.1 EX). Par contre, pas de sous-titres français ; mais la langue originale ne suffit-elle pas ? notamment dans le texte très respecté d’Annie Proulx ?
A l’évidence, il est beaucoup attendu des bonus : quelle part secrète du montage de ce film, de la vie des acteurs, sera-t-elle dévoilée ? Peu de choses en fait. Et c’est sans doute mieux ainsi. L’essentiel n’est bien évidemment pas là.
Les bonus, parfois répétitifs, car puisés dans plusieurs interviews ou reportages et coupés / recollés dans différentes séquences des bonus ( Sharing the story / Directing from the heart : Ang Lee / On being a cowboy / From script to screen / et dans le DVD zone 3 une séquence de présentation à la Broadway Cinematheque à Hong Kong le 21 janvier 2006 avec Ang Lee, sans sous-titres…) , ont le mérite de résumer l’histoire de cette production : Annie Proulx fit paraître sa nouvelle en 1997 ; les scénaristes Larry McMurtry et Diana Ossana se passionnèrent très vite pour cette nouvelle et proposèrent leur adaptation aux studios hollywoodiens, très frileux (ils auraient dû consulter une voyante !!) ; des années s’écoulèrent avant qu’une branche d’Universal, Focus Features, s’y intéresse enfin et que le contact fut pris avec Ang Lee.
Les interviews font apparaître : Ang Lee, Heath Ledger, Jake Gyllenhaal, Anne Hathaway (qui témoigne d’une belle analyse du tempérament d’Ennis), Michelle Williams, Linda Cardellini, et extrêmement brièvement Gustavo Santaolalla. Les scènes d’entraînement, la formation d’Heath Ledger et Jake Gyllenhaal à leurs rôles de cowboy (physiquement déjà murs pour ce rôle, en fait) sont distractives et amusantes mais confirment surtout leur aptitude innée à l’incarnation de ces deux personnages clés, Ennis et Jack. Il n’est constaté, d’ailleurs, aucune compétition entre ces deux acteurs, mais une réelle implication jusque dans la complicité, afin de servir au mieux la nouvelle d’Annie Proulx. De l’avantage de la jeunesse dans le métier, tandis que leurs aînés font le plus souvent leurs stars. Les acteurs ont visité le Montana pour s’imprégner des paysages, des lieux, des habitudes sociales, à la quête de cette culture non verbale qui est celle des cowboys, solitaires avec leur cheval pour compagnon. La préparation semble avoir été minutieuse.
A titre d’exemple, Heath Ledger n’a aucune hésitation à faire part de sa fierté à avoir participé à Brokeback Mountain et il espère que les sentiments transmis suscitent plus de questions qu’ils n’apportent de réponses. Michelle Williams fait une analyse très juste des réactions émotionnelles des premiers publics du film.
Ang Lee aborde avec une infinie délicatesse, palpable dans son regard et sa personnalité, son implication dans la réalisation. Le soin qu’il a porté aux extérieurs a beaucoup demandé aux équipes techniques et s’est parfois traduit par de longues attentes : ces attentes, ainsi révélées pour nous spectateurs, ont à l’évidence contribué au climat du film, à l’intériorisation des personnages par les acteurs. Quand le rythme et le temps invitent à l’écoute et à une vérité intérieure…De l’avis même de Jake Gyllenhaal, Ang Lee s’est montré mystérieux, faisant peu appel aux échanges parlés, ayant recours à des propos métaphoriques (comme du lait et de l’eau…) mais préférant une communication d’un autre niveau. Ang Lee fut bien le maître d’œuvre, le magicien, transformant subtilement le texte de Brokeback Mountain en images.
On aurait aimé en sus : une interview d’Annie Proulx, mais sa discrétion l’honore ; la remise du Lion d’Or à Venise, l’un des premiers tremplins de l’histoire publique du film avec le Festival de Toronto ; un journal de bord à la façon de celui réalisé pour le making-of du splendide Don’t come knocking. Mais la part de mystère a des saveurs inégalées.
© Copyright 2006 Bruno-Stéphane

1 comment:

Anonymous said...

Je redoutais de voir ce film, alors j'ai attendu la sortie en DVD,et c'est seule,que je l'ai visionné.
Je ne saurais vous dire l'effet produit en moi,le choc que cela a été.
Depuis, je voyage souvent quelque part sur le mont brokeback...bercée par la BO.Je voyage et je me souviens...